Nikita inspire précipitamment et retient son souffle bloqué.
La danseuse s’élance, buste droit, muscles contractés. Le danseur la saisit.
Air, flottements colorés, grâce.
Les costumes de Gianni Versace évoquent les ailes d’un papillon. La danseuse est belle, avec ce sourire professionnel des plus grands. Son corps parfait tournoie dans les hauteurs, le danseur la porte encore, l’apogée d’une œuvre. Les pieds doivent être brisés, mais on ne voit rien, rien d’autre que de parfaites formes en demi-lunes rose pâle qui scindent l’air avec la précision que le chorégraphe a rabâché pendant des mois. Voilà le grand moment.
L’homme la redescend doucement, la danseuse se referme tel un cocon, rondeurs et mélancolie. La mezzo-soprano fait vibrer la salle. Nikita sent des frissons la parcourir de part en part de son corps. Les larmes montent, font frémir son nez.
À côté, Mila pleure aussi.
Les lourds rideaux de velours rouge se referment.
La salle explose.